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EXPERT ART d'ASIE Cristina ORTEGA Expert CNES et CEFA rts de la Chine et du Japon Asian Art-

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Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986
Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986
Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986
Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986
Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986
Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986

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Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986
Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986
Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986
Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986
Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986
Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986
 

Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986

Yoshimasa Toba, sculpture paravent en grès émaillé, vers 1986

Yoshimasa Toba (鳥羽克昌), né en 1927 à Mukojima (Tokyo), fait partie de cette génération de céramistes japonais formés après-guerre, marqués autant par la tradition que par l’irruption de l’art occidental moderne.

Diplômé en littérature japonaise à l’université Hosei en 1951, il suit en parallèle une formation artistique à Bunka Gakuen. Il construit son premier four à Bokuto en 1952, et expose dès 1954 à Shirokiya, puis à Matsuya Ginza. Après des séjours à Kyoto et Shigaraki, il s’installe en 1975 à Tomioka (préfecture de Tochigi), où il construit un four grimpant. Il y poursuit une œuvre singulière, hors des centres urbains, mêlant rigueur formelle et liberté graphique. Son travail est nourri de voyages en Corée et en Asie du Sud-Est (1972), mais aussi de son intérêt profond pour la peinture européenne moderne — notamment Matisse, dont il reprend les contours souples, les figures en arabesque, le goût du textile et des aplats décoratifs.

Toba fut un membre actif du groupe Sōdeisha, dont il partage les principes fondamentaux : refuser la céramique utilitaire, chercher une expression autonome de la forme, affirmer l’objet comme sculpture. Ce collectif fondé à Kyoto en 1948 marqua le basculement de la céramique japonaise vers l’abstraction et l’avant-garde.

Bien qu’il n’ait pas fait partie des cinq membres fondateurs de 1948, Yoshimasa Toba a rejoint Sōdeisha dans les décennies suivantes, aux côtés d’une nouvelle génération d’artistes. Dans les années 1970, il participe aux expositions annuelles du groupe Sōdeisha. Son nom figure ainsi parmi les membres de Sōdeisha ayant réalisé un ensemble de huit gobelets à saké en collaboration aux côtés de figures comme Suzuki Osamu, Kanaegae Kazutaka ou Tsuji Kanji.L’inclusion de Toba dans ce projet collectif attesté par la signature « Sodeisha » démontre son rôle actif au sein du groupe. Sōdeisha lui a apporté un cadre expérimental et un réseau d’artistes partageant les mêmes idéaux. À l’instar de ses confrères, Toba revendique la primauté de la forme et de la créativité personnelle sur la fonction : il explore des formes céramiques non conventionnelles, souvent abstraites, parfois proches de la sculpture contemporaine. L’influence de Sōdeisha est capitale dans la démarche de Toba : redéfinir la céramique comme une forme d’art à part entière.

La pièce présentée que nous présentons, un paravent en grès émaillé d’environ 30 x 39 x 10 cm, est emblématique de cette approche. Le volume plissé rappelle un paravent traditionnel, mais c’est une sculpture à part entière, creusée au centre comme un bas-relief. La figure féminine, presque esquissée, est enveloppée dans un foisonnement de motifs qui rappellent les tissus, les céramiques anciennes, mais aussi le trait et les applats de Matisse. L’œuvre joue sur le creux, l’épaisseur, la dissimulation. L’ornement devient structure. Il ne s’agit plus de contenir, mais de montrer — un corps stylisé, fragmenté, fondu dans l’abstraction décorative où l’on devine d’autres corps.

Les œuvres de Yoshimasa Toba sont rares en dehors du Japon. Quelques musées majeurs les conservent, notamment le National Crafts Museum à Kanazawa, ou le Tomo Museum à Tokyo. Certaines pièces ont été exposées lors de rerospectives liées à Sōdeisha comme au Musée d’ Art Moderne de Kyoto en 2023 mais son nom reste peu connu hors des cercles spécialisés, et son travail, pourtant essentiel pour comprendre l’évolution de la céramique japonaise du XXe siècle, demeure largement à redécouvrir en Occident.

Tomobako signé.

 

Yoshimasa Toba, glazed stoneware screen sculpture, circa 1986

Yoshimasa Toba (鳥羽克昌), born in 1927 in Mukojima (Tokyo), belongs to the generation of Japanese ceramists formed after the war, influenced as much by tradition as by the emergence of modern Western art.

A graduate in Japanese literature from Hosei University in 1951, he also pursued artistic training at Bunka Gakuen. He built his first kiln in Bokuto in 1952, and exhibited in Shirokiya, then Matsuya Ginza, in 1954. After stays in Kyoto and Shigaraki, he settled in Tomioka (Tochigi Prefecture) in 1975, where he built a climbing kiln. There, he pursued a singular oeuvre, outside urban centers, combining formal rigor and graphic freedom. His work is informed by travels to Korea and Southeast Asia (1972), but also by his deep interest in modern European painting—particularly Matisse, whose soft contours, arabesque figures, and taste for textiles and decorative flat tints he adopted.

Toba was an active member of the Sōdeisha group, whose fundamental principles he shared: rejecting utilitarian ceramics, seeking an autonomous expression of form, and affirming the object as sculpture. This collective, founded in Kyoto in 1948, marked the shift in Japanese ceramics toward abstraction and the avant-garde.

 

Although he was not one of the five founding members of 1948, Yoshimasa Toba joined Sōdeisha in the following decades, alongside a new generation of artists. In the 1970s, he participated in the Sōdeisha group's annual exhibitions. His name is thus among the members of Sōdeisha who created a set of eight sake cups in collaboration with figures such as Suzuki Osamu, Kanaegae Kazutaka, and Tsuji Kanji. Toba's inclusion in this collective project, attested by the signature "Sodeisha," demonstrates his active role within the group. Sōdeisha provided him with an experimental framework and a network of like-minded artists. Like his colleagues, Toba asserts the primacy of form and personal creativity over function: he explores unconventional ceramic forms, often abstract, sometimes close to contemporary sculpture. Sōdeisha's influence is crucial to Toba's approach: redefining ceramics as an art form in its own right.

The piece we are presenting, a glazed stoneware screen measuring approximately 30 x 39 x 10 cm, is emblematic of this approach. The pleated volume recalls a traditional screen, but it is a sculpture in its own right, hollowed out in the center like a bas-relief. The female figure, almost sketched, is enveloped in a profusion of patterns reminiscent of fabrics, ancient ceramics, but also the lines and flat tints of Matisse. The work plays on hollows, thickness, and concealment. Ornament becomes structure. It is no longer a matter of containing, but of showing—a stylized, fragmented body, melted into decorative abstraction where other bodies can be glimpsed.

Yoshimasa Toba's works are rare outside of Japan. A few major museums preserve them, notably the National Crafts Museum in Kanazawa and the Tomo Museum in Tokyo. Some pieces have been exhibited in retrospectives linked to Sōdeisha, such as at the Kyoto Museum of Modern Art in 2023, but his name remains little known outside specialist circles, and his work, although essential for understanding the evolution of 20th-century Japanese ceramics, remains largely to be rediscovered in the West.

Signed tomobako.