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Description :
Takai Tairei
Japon, Suzuribako par Takai Tairei, époque Taisho/Showa.
Ce suzuribako en bambou aplati et laqué, signé par Takai Tairei, est une pièce exceptionnelle datant probablement de la période Taisho ou du début de l’ère Showa. Le motif délicat de prunus rouges et dorés, appliqué en maki-e sur la surface de bambou, illustre parfaitement la capacité de l’artiste à capturer la beauté de la nature. Le travail raffiné de la laque, avec des détails en relief qui semblent presque flotter sur la surface, est une démonstration de la maîtrise des techniques transmises par les maîtres du maki-e. La précision des lignes et l’harmonie des couleurs montrent l’influence de l’école Zeshin, tout en intégrant des touches personnelles qui caractérisent le style distinctif de Tairei. L’intérieur laqué d’un rouge brillant abrite une pierre à encre et un compartiment pour l’eau, des éléments utilitaires qui reflètent la philosophie de Tairei sur l’usage quotidien des objets d’art.
Takai Tairei, né sous le nom de Takai Shigeji en 1881 à Tokyo dans le quartier d’Aoyama, est le deuxième fils de Takai Yasuji, également connu sous le nom de Tokukousai II, un maître du maki-e. Tairei apprend dès son plus jeune âge les techniques traditionnelles de la laque auprès de son père, et à la mort prématurée de ce dernier en 1903, il prend la responsabilité de la famille à seulement 22 ans. Il entre ensuite dans l’atelier du célèbre maître Ikeda Taishin (1825-1903), un disciple éminent de Shibata Zeshin, où il affine ses compétences dans l’art du maki-e. Parallèlement, il se forme auprès d’Akatsuka Jitoku (1871-1936), à qui sa sœur aînée, Takai Kei, est mariée.
Tout au long de sa carrière, Tairei s’attache à la création d’objets en maki-e inspirés de la nature et de la vie quotidienne. Contrairement à l’idée de l’art comme objet purement décoratif, il croit fermement que les œuvres en maki-e doivent être utilisées dans la vie de tous les jours. Cette conviction, héritée des maîtres de l’époque Edo, souligne l’importance d’une harmonie entre beauté et fonctionnalité. Pour lui, la véritable valeur de la laque se dévoile à travers l’usage quotidien, ce qui enrichit la vie des gens. Chaque pièce, même lorsqu’elle s’inspire de motifs traditionnels, est unique par sa composition subtile et sa profondeur d’expression.
Tairei collabore souvent avec Fukuoka Bokusai, un menuisier réputé de Kyoto, qui fournissait déjà des supports en bois pour Zeshin. Cette boite en bambou applati requiert une grande maîtrise pour sa fabrication et l’utilisation de bambou reste rare dans l’œuvre de Takai Tairei. Notons au passage qu’il a aussi fait très peu de sizuribako.
Tairei, au sommet de sa carrière, a su marier les enseignements de ses trois maîtres pour développer un style qui lui est propre. Ses œuvres ont été largement remarquées lors des expositions nationales Nitten, notamment aux 4e et 5e éditions en 1945 et 1949, où ses puissantes pièces ont capté l’attention. L’une de ses contributions majeures fut sa capacité à perpétuer la tradition de la laque tout en y ajoutant des éléments personnels distincts, souvent inspirés de la nature.
Après la Seconde Guerre mondiale, Takai Tairei diversifie sa production pour répondre à la demande. Il commence à fabriquer des bijoux laqués tels que des épingles à obi, des broches et des bagues, tout en continuant de créer des objets en kiji maki-e, une technique consistant à appliquer la laque directement sur le bois.
Tairei n’a pas seulement laissé une empreinte dans le monde de la laque par ses œuvres, mais aussi par son influence sur la génération suivante. Son frère cadet, Senzaburo, avait également suivi une formation en maki-e sous Akatsuka Jitoku, mais il est décédé tragiquement à l’âge de 30 ans, laissant peu d’œuvres signées. Cette perte fut un choc pour Tairei, et cela se ressent dans la profondeur émotionnelle de ses œuvres ultérieures.
Tairei est décédé en 1971 à l’âge respectable de 91 ans, marquant la fin d’une longue carrière qui a traversé trois périodes historiques japonaises : Meiji, Taisho et Showa. Sa disparition a également marqué la fin d’une connexion directe avec les grands maîtres de la laque de l’époque Edo. Son élève, Arisumi Mitamura, qui avait commencé son apprentissage sous la direction de son propre père et grand-père, a hérité d’outils et de matériaux précieux de Tairei, perpétuant ainsi son héritage. Mitamura a exprimé sa gratitude pour les nombreuses leçons qu’il avait reçues de Tairei, ainsi que pour les œuvres et photographies qu’il avait pu conserver en publiant une monographie sur son maitre en 2011, ouvrage dont la sortie fut saluée par une exposition.
Takai Tairei reste aujourd’hui une figure incontournable de l’art du maki-e, et ses œuvres, comme ce suzuribako, qui continuent d’incarner l’élégance de la nature et la sophistication d’un savoir-faire ancestral, restent rares sur le marché.
30 x 12,3 x 4,3 cm environ
Tomobako signé
Japan, Suzuribako by Takai Tairei, Taisho/Showa period.
This flattened and lacquered bamboo suzuribako, signed by Takai Tairei, is an exceptional piece, probably dating from the Taisho or early Showa period. The delicate pattern of red and gold plums, applied in maki-e to the bamboo surface, perfectly illustrates the artist’s ability to capture the beauty of nature. The refined lacquer work, with raised details that almost seem to float on the surface, is a demonstration of the mastery of techniques passed down by the maki-e masters. The precision of the lines and the harmony of the colors show the influence of the Zeshin school, while incorporating personal touches that characterize Tairei’s distinctive style. The glossy red lacquer interior houses an ink stone and a water compartment, utilitarian elements that reflect Tairei’s philosophy on the everyday use of art objects.
Takai Tairei, born Takai Shigeji in 1881 in Tokyo's Aoyama district, was the second son of Takai Yasuji, also known as Tokukousai II, a maki-e master. Tairei learned traditional lacquer techniques from his father at a young age, and upon his father's untimely death in 1903, he took over the family at the age of 22. He then entered the workshop of the famous master Ikeda Taishin (1825-1903), a prominent disciple of Shibata Zeshin, where he honed his skills in the art of maki-e. At the same time, he trained with Akatsuka Jitoku (1871-1936), to whom his older sister, Takai Kei, was married. Throughout his career, Tairei has focused on creating maki-e objects inspired by nature and everyday life. Contrary to the idea of art as purely decorative, he firmly believes that maki-e works should be used in everyday life. This belief, inherited from the masters of the Edo period, emphasizes the importance of a harmony between beauty and functionality. For him, the true value of lacquerware is revealed through everyday use, which enriches people's lives. Each piece, even when inspired by traditional motifs, is unique in its subtle composition and depth of expression.
Tairei often collaborates with Fukuoka Bokusai, a renowned carpenter from Kyoto, who already provided wooden stands for Zeshin. This flattened bamboo box requires great skill to make and the use of bamboo remains rare in Takai Tairei's work. Incidentally, he also made very little sizuribako.
At the height of his career, Tairei was able to combine the teachings of his three masters to develop a style that was his own. His works were widely recognized at the national Nitten exhibitions, including the 4th and 5th editions in 1945 and 1949, where his powerful pieces captured the attention. One of his major contributions was his ability to perpetuate the tradition of lacquerware while adding distinct personal elements, often inspired by nature.
After World War II, Takai Tairei diversified his production to meet demand. He began making lacquerware jewelry such as obi pins, brooches, and rings, while continuing to create objects in kiji maki-e, a technique that involves applying lacquer directly to wood.
Tairei not only left a mark on the world of lacquerware through his works, but also through his influence on the next generation. His younger brother, Senzaburo, had also trained in maki-e under Akatsuka Jitoku, but he died tragically at the age of 30, leaving few signed works. This loss was a shock to Tairei, and it is felt in the emotional depth of his later works.
Tairei passed away in 1971 at the ripe old age of 91, marking the end of a long career that spanned three Japanese historical periods: Meiji, Taisho, and Showa. His passing also marked the end of a direct connection with the great lacquer masters of the Edo period. His student, Arisumi Mitamura, who had begun his apprenticeship under his own father and grandfather, inherited precious tools and materials from Tairei, thus perpetuating his legacy. Mitamura expressed his gratitude for the many lessons he received from Tairei, as well as for the works and photographs he was able to preserve by publishing a monograph on his master in 2011, the release of which was celebrated with an exhibition.
Takai Tairei remains today a key figure in the art of maki-e, and his works, such as this suzuribako, which continue to embody the elegance of nature and the sophistication of ancestral know-how, remain rare on the market.
30 x 12,3 x 4,3 approx
Signed and sealed tomobako