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Description :
Kawahara Keiga, Japon vers 1820
Paire de peintures, Marchands étrangers, att à Kawahara Keiga, Japon vers 1820
Ces peintures attribuées à Kawahara Keiga vers 1820 illustrent le contexte historique complexe des relations commerciales du Japon depuis le XVIIᵉ siècle.
À l’époque où ces peintures ont été crées, le Japon applique encore une politique isolationniste stricte, connue sous le nom de Sakoku, limitant les interactions avec les puissances étrangères
Au début du XVIIᵉ siècle, le Japon, sous le shogunat Tokugawa, met en place des mesures pour contrôler et restreindre le commerce extérieur. Cette politique vise à protéger le pays des influences étrangères jugées déstabilisatrices, notamment celles des missionnaires chrétiens. Ainsi, à partir des années 1630, les autorités japonaises ferment progressivement les ports aux navires étrangers, n’autorisant que des contacts commerciaux limités avec certaines nations.
Les Hollandais se voient accorder l’accès exclusif au commerce occidental, mais uniquement depuis l’île artificielle de Dejima, située dans la baie de Nagasaki. Cette enclave devient le seul point de contact officiel entre le Japon et l’Europe, permettant un échange contrôlé de marchandises et de connaissances. Les Hollandais importent principalement des produits européens et exportent du cuivre japonais, une ressource très prisée à l’époque qui conduira le Japon à frapper ses monnaies en argent par manque de cuivre.
Parallèlement, les marchands chinois jouent un rôle essentiel dans le commerce asiatique avec le Japon. Installés dans le quartier réservé du Tōjin yashiki, adjacent à Dejima, ils importent des soieries, des porcelaines et d’autres produits de luxe chinois, tout en exportant des métaux précieux japonais mais aussi quelques produits japonais revendus ensuite aux européens. Ce commerce sino-japonais est d’une ampleur significative, les archives indiquant que, au XVIIᵉ siècle, une grande partie de l’argent arrivant dans les ports chinois provient du Japon.
Cette situation engendre une rivalité commerciale notable entre les communautés hollandaise et chinoise, chacune cherchant à maximiser ses avantages dans le cadre strict imposé par le shogunat. Les interactions entre ces marchands et la population locale sont également soumises à des réglementations sévères. Notamment, les femmes étrangères ne sont pas autorisées à accompagner les marchands, ce qui conduit à une organisation très spécifique procurant régulièrement et pour quelques jours, des femmes japonaises locales à ces étrangers esseulés.
Dans ce contexte, les œuvres de Kawahara Keiga prennent tout leur sens.
La première peinture représente un homme occidental aux cheveux blonds et aux yeux bleus, reconnaissable comme marchand hollandais par son habillement et son chapeau européen. Il est accompagné d’une femme japonaise, illustrant ainsi la présence contrôlée des Néerlandais à Dejima et leurs interactions limitées avec la population locale.
La seconde représente un commerçant chinois, également avec une femme japonaise, reflétant la dynamique similaire du Tōjin yashiki.
Ces peintures capturent non seulement les aspects visuels des protagonistes, mais aussi les subtilités des relations interculturelles et commerciales de l’époque. Les regards intenses et attentifs des personnages dépeignent clairement la rivalité commerciale entre ces deux communautés étrangères, toutes deux soumises à un contrôle rigoureux de la part des autorités japonaises.
Kawahara Keiga, par son souci du détail et sa précision documentaire, offre un témoignage visuel rare et historique, reflétant à la fois la politique commerciale restrictive du Japon d’alors, les interactions humaines entre Japonais et étrangers. Il montre une habilitation artistique remarquable à saisir les subtilités socio-culturelles de son époque.
Encre et pigments sur papier vers 1820, petites pliures et faiblesses du papier.
Attribué à Kawahara Keiga
Montage moderne en rouleaux avec encadrement en soie neutre conservant les anciennes bandes fleuries, embouts en céramique.
Tomobako (boite en bois) pour les deux rouleaux.
Chaque peinture mesure 82 x 29 cm
Dimension avec le montage en rouleau : 163 x 52 cm plus embouts en céramique.
Pair of Paintings, Foreign Merchants, attributed to Kawahara Keiga, Japan circa 1820
These paintings, attributed to Kawahara Keiga around 1820, illustrate the complex historical context of Japan’s commercial relationships dating back to the 17th century. At the time these works were created, Japan was still enforcing a strict isolationist policy known as Sakoku, severely limiting interactions with foreign powers.
In the early 17th century, under the Tokugawa shogunate, Japan implemented measures to control and restrict foreign trade. This policy aimed to shield the country from foreign influences considered destabilizing, particularly from Christian missionaries. Consequently, starting in the 1630s, Japanese authorities gradually closed their ports to foreign ships, allowing limited commercial contacts with only select nations.
The Dutch were granted exclusive access to Western trade, but solely from the artificial island of Dejima, located in Nagasaki Bay. This enclave became Japan’s only official contact point with Europe, enabling controlled exchanges of goods and knowledge. The Dutch primarily imported European products and exported Japanese copper, a highly valued resource at the time, whose scarcity eventually forced Japan to mint silver coins instead.
Simultaneously, Chinese merchants played an essential role in Japan’s Asian trade. Settled in the designated Tōjin yashiki quarter adjacent to Dejima, they imported silk, porcelain, and other luxury Chinese goods while exporting Japanese precious metals and some Japanese products later resold to Europeans. This Sino-Japanese trade was substantial, with historical records indicating that, in the 17th century, a significant portion of silver entering Chinese ports originated from Japan.
This situation led to significant commercial rivalry between the Dutch and Chinese communities, each striving to maximize their advantages within the strict framework imposed by the shogunate. Interactions between these merchants and the local population were also strictly regulated. Foreign women were notably prohibited from accompanying merchants, leading to a very specific arrangement whereby Japanese women visited these isolated foreigners for brief periods.
In this context, Kawahara Keiga’s works become highly meaningful.
The first painting depicts a Western man with blond hair and blue eyes, identifiable as a Dutch merchant by his European clothing and distinctive hat. He is accompanied by a Japanese woman, illustrating the controlled Dutch presence on Dejima and their limited interactions with locals.
The second painting portrays a Chinese merchant, also accompanied by a Japanese woman, reflecting a similar dynamic in the Tōjin yashiki.
These paintings capture not only the visual aspects of their subjects but also the subtleties of the intercultural and commercial relationships of the era. The intense and attentive gazes of the figures clearly illustrate the commercial rivalry between these two foreign communities, both rigorously controlled by Japanese authorities.
Kawahara Keiga, with meticulous detail and documentary precision, provides a rare and historically significant visual testimony. His work reflects Japan’s restrictive trade policies and human interactions between Japanese and foreigners, demonstrating his remarkable artistic skill in capturing the socio-cultural nuances of his time.
Ink and pigments on paper, circa 1820, minor creases and paper weaknesses.
Attributed to Kawahara Keiga.
Modern scroll mounting with neutral silk framing, preserving original floral borders, ceramic knobs.
Tomobako (wooden box) for both scrolls.
Size of each painting is 82 x 40 cm, size of each scroll is 163 x 40 plus ceramic finials.