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Femme à la corbeille de fleurs, Kakuoka Akimitsu, Bois sculpté, Japon vers 1930-40

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Femme à la corbeille de fleurs, Kakuoka Akimitsu, Bois sculpté, Japon vers 1930-40

Description :
Kakuoka Akimitsu

Femme à la corbeille de fleurs, Kakuoka Akimitsu, Bois sculpté, Japon vers 1930-40

Cette majestueuse sculpture en bois monoxyle cérusé, réalisée par Kakuoka Akimitsu vers 1930-1940, représente une femme debout tenant délicatement, de sa main gauche, une corbeille de fleurs appuyée sur sa hanche. La lumière joue subtilement sur les multiples facettes laissées par le ciseau, mettant en valeur les détails raffinés de la surface. Le vêtement aux voilages souples contraste avec la posture hiératique de la figure, soulignant à la fois fluidité et immobilité.

Cette œuvre, bien que japonaise, révèle une forte influence classique occidentale.

Au-delà du courant international Art Déco, le philhellénisme, ou l'admiration pour la culture grecque, a significativement marqué la sculpture japonaise entre 1920 et 1945. Ce phénomène, encore méconnu en Occident, contraste avec la renommée des sculptures bouddhiques et des okimonos japonais.

Pour comprendre ce mouvement, les recherches de Michael Lucken, Directeur du Centre d'Études Japonaises à l'Inalco, sont essentielles. Lucken montre que cette influence grecque n'était pas une simple admiration superficielle, mais une assimilation profonde d'une culture antique dans une période d'ultranationalisme japonais. Contrairement à une émulation circonstancielle du néoclassicisme allemand, cette adoption de l'esthétique grecque visait à se démarquer de l'influence chinoise et à inscrire la culture japonaise dans la lignée de la Grèce antique.

L'ouverture du Japon sous l'ère Meiji a été marquée par un apprentissage intensif des techniques et des thèmes artistiques occidentaux. La première école d'art, créée en 1876 par le ministère de l'Industrie, visait à former des jeunes capables de soutenir l'industrie naissante. Des artistes italiens, comme le sculpteur Vincenzo Ragusa, ont été invités pour enseigner et introduire des moulages en plâtre comme modèles d'étude. Cette formation, basée sur l'étude de la sculpture classique, a perduré, faisant des collections de plâtres une norme dans les écoles d'art japonaises.

Depuis les années 1890, chaque école d'art au Japon a accumulé des collections de plâtres, et les étudiants devaient maîtriser ces modèles avant d'accéder aux institutions prestigieuses. Les artistes japonais des années 1930-40, qui ont créé des œuvres dans un style néoclassique, ont tous suivi cette formation rigoureuse.

Cette influence grecque a permis aux artistes japonais de s'affranchir de l'héritage chinois, réorientant leur culture vers une connexion directe avec l'antiquité grecque. Aizu Yaichi, un professeur d'histoire de l'art, écrivait en 1922 : « Nara, dans l’histoire mondiale de l’art, ce sont les derniers feux de la magnifique sculpture grecque. »

Les œuvres produites pendant cette période sont rares et pratiquement absentes des collections occidentales. Leur production fut limitée en raison de la période troublée de la guerre et du désir de renouveau qui s’en suivit.

Cette sculpture en palownia de 130 x 60 x 30 cm est un précieux témoignage de cette époque unique dans l'histoire de l'art japonais.

### Woman with a Basket of Flowers, Kakuoka Akimitsu, Carved Wood, Japan circa 1930-40

 

This majestic sculpture, carved from a single piece of cerused wood by Kakuoka Akimitsu around 1930-1940, depicts a standing woman delicately holding with her left hand, a basket of flowers resting on her hip. The light subtly plays on the multiple facets left by the chisel, highlighting the refined details of the surface. The garment, with its flowing drapes, contrasts with the hieratic posture of the figure, emphasizing both fluidity and stillness.

Although Japanese, this work reveals a strong Western classical influence.

Beyond the international Art Deco movement, philhellenism, or admiration for Greek culture, significantly influenced Japanese sculpture between 1920 and 1945. This phenomenon, still little known in the West, contrasts with the well-known Buddhist sculptures and Japanese okimonos.

To understand this movement, the research of Michael Lucken, Director of the Center for Japanese Studies at Inalco, is essential. Lucken demonstrates that this Greek influence was not merely superficial admiration but a profound assimilation of an ancient culture during a period of Japanese ultranationalism. Unlike a circumstantial emulation of German neoclassicism, this adoption of Greek aesthetics aimed to distance itself from Chinese influence and align Japanese culture directly with ancient Greece.

The opening of Japan during the Meiji era marked an intensive learning of Western artistic techniques and themes. The first art school, created in 1876 by the Ministry of Industry, aimed to train young people capable of supporting the nascent industry. Italian artists, such as the sculptor Vincenzo Ragusa, were invited to teach and introduced plaster casts as study models. This training, based on the study of classical sculpture, has endured, making plaster collections a standard in Japanese art schools.

Since the 1890s, each art school in Japan has accumulated plaster collections, and students had to master these models before entering prestigious institutions through competitive exams. Japanese artists of the 1930s-40s, who created works in a neoclassical vein, all underwent this rigorous training.

This Greek influence allowed Japanese artists to break away from Chinese heritage, redirecting their culture towards a direct connection with the ancient Greek world. Aizu Yaichi, a professor of art history, wrote in 1922 : "Nara in the world's art history is the last blaze of magnificent Greek sculpture."

The works produced during this period are rare and practically absent from Western collections. Their production was limited due to the tumultuous war period and the subsequent desire for renewal.

This sculpture, made in paulownia wood, measuring 130 x 60 x 30 cm, is a precious testimony of this unique period in Japanese art history.